Aide aux examens

Il y a quelques jours, des parents sont venus me voir avec leur enfant en difficultés scolaires pour me demander conseil, et en particulier sur l'utilité et l'importance des aides pendant les examens.
En effet, pour des enfants bénéficiant de plans particuliers d'aide, il est possible de demander une assistance pendant que l'enfant passe des examens, afin qu'il puisse démontrer ses connaissances sans être pénalisés par ses difficultés en lecture.

Les parents m'expliquent les difficultés de leur enfant, appelons-le Tom, c'est un prénom d'emprunt par soucis de confidentialité. Donc, les parents me racontent que Tom avait échoué sur un problème de mathématiques qui commençait par « prenez un nombre entre 1 et 10 ». Et l'enfant était perdu, confus par la question et ne sachant pas quoi répondre. Ce n'est qu'un exemple parmi tant d'autres, mais il est symptomatique des difficultés de Tom. Et nous y reviendrons vers la fin de ce podcast afin d'expliquer la mécanique du problème et d'évoquer la solution qu'il est possible d'y apporter.

Et ces parents dont je vous parle me demandaient, entre autres choses, la différence entre la lecture des consignes et la reformulation des consignes. Et surtout de quoi Tom avait besoin.
Voici les réponses que je leur ai faite, et je vous les retransmets ici parce qu'elles peuvent intéresser bien des parents.

En réalité, ces deux types d'aide, la lecture et la reformulation des consignes, sont très différentes et ne répondent pas aux mêmes difficultés chez l'enfant.
Toutefois, il arrive qu'un enfant qui a besoin de la reformulation ait également besoin que l'on lui lise les consignes. Mais ce n'est pas toujours le cas, et certains enfant arrivent très bien à lire les consignes, c'est à dire en fait à oraliser les consignes, mais échouent quand même à comprendre ce que l'on attend d'eux.

Lire les consignes

Voyons tout d'abord la nécessité de lecture des consignes. Dans quel cas un enfant a besoin qu'une tierce personne lui lise les consignes ?
Ce cas se produit lorsqu'un enfant est parfaitement capable de répondre à une question, à une consigne, tant que cette consigne est sous forme orale. L'enfant connaît les réponses attendues, il sait comment répondre à la question et donc son problème ne se situe pas dans la matière en question (maths, grammaire, histoire, science...) mais dans la lecture de la consigne.

C'est ce que l'on appelle de la dyslexie.

Et ce problème de dyslexie peut être très ciblé sur une matière particulière et pas les autres matières. Ou encore le problème peut être plus généralisé, par exemple dans le cas où l'enfant a également des difficultés à lire des textes de style « histoire » ou « roman ».
Dans ce cas, la rééducation se fait fort bien en aidant l'enfant à maîtriser les diverses techniques élémentaires qui sont nécessaires pour lire. Si vous voulez en savoir plus, je vous invite à consulter mon site internet sur la dyslexie : www.infodyslexie.org. Vous y trouverez toutes les informations nécessaires pour comprendre ce qui se passe dans la tête de votre enfant et comment faire pour y remédier.

Reformuler les consignes

La deuxième possibilité d'aide, l'aide par reformulation, est légèrement différente. Cette aide est nécessaire quand l'enfant ne parvient pas à comprendre les mots de la consigne tels qu'ils sont écrits et a besoin qu'une tierce personne lui reformule les phrases écrites. C'est à dire qu'une autre personne doit expliquer la consigne en utilisant d'autres mots que ceux qui sont inscrits sur la feuille.
Notez bien que si l'enfant n'arrive pas non plus à lire de lui-même la consigne, cela ne fait qu'ajouter une couche au problème, couche que je viens tout juste d'évoquer il y a quelques instants.
Et notez aussi que ce qui nous intéresse ici ce sont les cas où l'enfant, après reformulation de la consigne, comprend le problème et est capable de le résoudre. Ce qui, ici aussi, montre que l'enfant maîtrise la matière (maths, histoire ou autre) mais a du mal avec les mots utilisés dans la consigne.

Nous avons alors affaire en réalité à une autre forme de dyslexie, liée au fait que, en français, beaucoup de mots ont plusieurs sens selon le contexte dans lequel ils sont utilisés.

Un exemple très simple pour vous convaincre. En français de tout les jours, le mot « et » permet d'associer deux choses. Si je dis « je mange du pain et du fromage », le « et » me permet d'associer deux choses dans une même action, les deux choses étant d'une part le pain et d'autre part le fromage. Facile...
Mais si nous parlons mathématiques et que je dis « combien font deux et trois ? », alors ce même mot « et » prend un autre sens qui est celui d'addition. C'est la définition dite mathématique de ce même mot.
Mais si l'enfant ne fait pas le lien entre le « et » et la notion d'addition, il peut être perdu et ne pas savoir répondre à la question alors qu'il en connait théoriquement la réponse.
J'ai eu un jeune stagiaire qui savait faire des additions mais ne pouvait pas faire des « sommes ». Tout simplement parce qu'il ne connaissait pas le mot « somme » alors qu'il maîtrisait la notion d'addition.

Pour revenir sur l'exemple dont je parlais en début de ce podcast, souvenez-vous, Tom, l'enfant qui reste confus sur la consigne « prenez un nombre entre 1 et 10 ».
Vous l'aurez compris. L'explication de ce qui se passe est alors très claire. Tom n'avait pas compris que le mot « prenez » dans ce contexte voulait dire « choisissez ». Il pensait que « prenez » voulait dire « enlevez », puisque si l'on prend des cacahuète dans un bol, il en reste moins, ce qui s'appelle en mathématique une soustraction. D'où la confusion.

Que faire ?

Alors que faire avec des enfants comme Tom ?
Hé bien, ce deuxième cas est en fait également un problème de dyslexie. J'entends par là que Tom ne faisait pas le lien entre le mot écrit « prenez » et le sens particulier qu'a ce mot dans cette phrase en question.
La solution est donc identique à quelques ajustements près au premier problème des enfants qui n'arrivent pas à lire les consignes. Et ce sont des outils que l'enfant peut apprendre en stage de correction de la dyslexie, mais également, dans le cas de difficultés scolaires, que les parents peuvent découvrir lors des stages pour les parents « Pourquoi Tyrannosaure mais pas Si ? » (site : www.pourquoityrannosauremaispassi.com )

Un dernier petit mot avant de vous laisser. Si vous avez la possibilité d'obtenir de l'aide pour votre enfant, n'hésitez surtout pas. Ce sera de toutes façon utile. Mais ma philosophie me guide plutôt vers l'autonomie et donner à l'enfant les moyens de se débrouiller tout seul et, finalement, de ne pas avoir besoin qu'une autre personne ne lui lise ou traduise les consignes. Et c'est tout à fait possible avec les bons outils.
Alors, à bientôt pour en savoir plus...